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reille tendue au moindre bruit. M. Wilkins dînait à sept heures, du moins lorsqu’il dînait chez lui, ce qui ne lui arrivait guère que trois ou quatre fois par semaine, — et presque jamais il n’était seul à table. M. Ness venait très-fréquemment lui tenir compagnie, ou bien M. Corbet, lorsque ce dernier était à Hamley ; parfois un étranger, parfois un client. Bien rarement, et lorsqu’il le fallait pour ne pas trahir un éloignement trop accentué, il invitait M. Dunster. En pareille circonstance, les deux convives allaient presque immédiatement rejoindre Ellenor dans la bibliothèque. Tout au contraire, avec M. Ness ou n’importe quel autre, le maître de la maison prolongeait volontiers la séance, à la grande joie de ses hôtes, qui trouvaient le vin excellent, et dans le verre desquels l’amphitryon le versait sans aucune parcimonie.

M. Corbet, moins touché de cette dernière considération, laissait volontiers en tête-à-tête M. Ness et M. Wilkins, pour venir s’asseoir à côté d’Ellenor, occupée à quelque travail de broderie sous la surveillance passablement inerte de la bonne miss Monro, et celle-ci sentait sa responsabilité parfaitement à couvert, du moment le père de son élève tolérait, encourageait les assiduités de l’avocat en herbe, qui la rassurait d’ailleurs par l’exacte retenue de ses propos. Ralph n’entretenait guère Ellenor que de ce qui se passait dans la maison paternelle. Il lui parlait de sa mère, de ses sœurs, de leurs façons de penser et de vivre. Il lui parlait d’elles comme de personnes qu’elle ne connaissait pas encore, mais dont infailliblement, un jour ou l’autre, elle se trouverait rapprochée. La jeune fille, attentive et soumise, acceptait ces pronostics implicites, et y donnait un acquiescement silencieux.

Un pas de plus restai à faire, et maître Ralph mit en délibération avec lui-même s’il était ou non à propos de se