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parterre. Ce n’était du reste qu’un passager accès de vague mélancolie, un regret fugitif accordé à l’absence du seul jeune homme qui jusqu’alors eût paru s’intéresser à elle. La même soirée d’août vit poindre et s’effacer ce nuage d’un moment. Dès le lendemain, le soleil reparut, tout aussi radieux, dans un ciel tout aussi calme que par le passé.

Un mot sur ces vieux arbres. — Ils plongeaient leurs racines dans un fragment de verte pelouse, au sol meuble et presque toujours humide. Quelques-unes se dessinant en relief sur l’épaisseur du gazon, formaient des compartiments dont chacun avait sa destination spéciale, et formaient comme les dépendances de l’appartement assigné à la poupée de la jeune miss, — le salon, le boudoir, la chambre à coucher, meublés ainsi que le prescrivait l’attribution de chaque pièce. M. Corbet, toujours un peu trop grave, voyait ces enfantillages avec une sorte de pitié dédaigneuse ; mais Dixon les prenait au sérieux, lui, et prêtait son concours à ces comédies enfantines comme s’il eût eu six ans au lieu de quarante. En même temps, nous devons le dire, il ne manquait jamais une occasion d’appuyer les bons conseils de Ralph Corbet, et, lorsque Ellenor se plaignait d’être sermonnée au delà de toute patience par ce magistrat en herbe, Dixon tâchait de lui faire comprendre la véritable portée de ces exhortations mal venues. « Soyez sûre, mademoiselle, lui disait-il, qu’on ne se permettrait pas de vous prêcher de la sorte si votre mère vivait encore, ou si votre père avait le loisir de veiller sur vous plus exactement… Mais il n’a plus de loisirs, ce pauvre homme, depuis que M. Dunster lui taille chaque jour une besogne nouvelle… On dirait qu’il est ici pour faire le malheur de son patron.

— Ah ! tenez, finit par s’écrier Ellenor avec son irréfré-