Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vinrent de plus en plus fréquents, et, sans parler de la dépense qu’ils occasionnaient, ils donnaient motif aux clients de « regretter que M. Wilkins fût si rarement à leur disposition. » Le bruit se répandit qu’un nouvel attorney allait venir lui faire concurrence, et qu’il serait patronné par deux ou trois familles influentes, lesquelles se plaignaient de ne pas trouver chez leur homme d’affaires attitré l’exactitude et la ponctualité auxquelles son père les avaient habituées. Sir Frank Holster, averti de ce projet, manda son neveu par alliance, et crut pouvoir lui adresser une verte semonce sur l’émulation insensée qui le poussait à mener la même vie que les grands propriétaires dont il était l’agent salarié. Edward Wilkins n’était pas sans quelques remords à ce sujet, et de tout autre eût peut-être accepté cette salutaire leçon ; mais il lui parut singulier d’avoir à la subir d’un homme presque insolvable, qui avait eu recours, mainte et mainte fois, à l’obligeance de son père et même à la sienne. Cette réflexion lui suggéra certaines vérités désobligeantes que sir Frank ne devait jamais lui pardonner, et qui le brouillèrent définitivement avec la famille de sa défunte femme. Leur querelle eut un double résultat. En premier lieu parut une annonce dans les journaux, par laquelle M. Wilkins offrait chez lui certains avantages à un premier clerc ayant fait preuve de capacité. En second lieu, M. Wilkins écrivit au collége héraldique, afin de s’informer si on ne pourrait pas établir sa parenté avec une famille du même nom, établie dans le sud du pays de Galles, les Wilkins de Wenton, qui ont repris depuis lors leur ancien titre. Ces deux demandes eurent leurs conséquences naturelles. Un praticien sur le retour de l’âge, recommandé par une des bonnes études de Londres, vint offrir sa collaboration qu’il fallut rétribuer largement, et le collège héraldique répondit qu’on ne désespérait pas