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invité à leurs chasses quand un hasard plus ou moins prémédité l’amenait, à cheval, sur le chemin de leurs meutes. N’allez pas supposer qu’il jouât le rôle de parasite ou de flatteur. Il avait son franc-parler et donnait hardiment les conseils les moins agréables, soit qu’il s’agît de conclure un mariage « disproportionné, » soit de revendiquer les droits d’un tenancier traité avec une injuste rigueur.

M. Wilkins eut un fils dont la naissance le combla de joie. Sans être personnellement ambitieux, il lui en eût coûté de voir passer en des mains étrangères un cabinet dont il savait mieux que personne apprécier les riches produits. Cette considération fit pencher la balance où il pesait les futures destinées de son fils Edward, et, après lui avoir donné une éducation tout aristocratique, il l’arrêta court, au sortir d’Éton, alors que le jeune homme s’attendait à suivre, sur les bancs de Cambridge ou d’Oxford, les nobles camarades avec lesquels jusqu’alors il avait marché de pair.

Toutes sortes de compensations lui furent offertes, quand, après avoir fait à Londres ses études légales, il fut rentré, non sans quelques regrets, dans l’étude paternelle. Il eut de beaux chevaux, et absolument carte blanche pour la satisfaction de ses instincts littéraires Edward était, par nature, étranger aux vices qui dégradent ; ses penchants étaient ceux de l’homme du monde et le mettaient plutôt au-dessus qu’au niveau des plus orgueilleux clients de son père, pour lequel d’ailleurs il professait une respectueuse affection. Quant à sa mère, il l’avait perdue depuis longtemps.

Lorsqu’il fit ses débuts aux « assemblées » de Hamley, ces réunions, tant bien que mal imitées de celles que le grand monde patronnait à Londres, n’étaient pas tout à fait aussi exclusives que dans le principe. Et cependant,