Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


L’ŒUVRE
D’UNE NUIT DE MAI




I


Dans certaine ville de certain comté vivait, il y a quelque quarante ans, un jurisconsulte nommé Wilkins. Il y exerçait cette profession spéciale qui est désignée sous le nom de conveyancing attorney. C’est un peu l’avoué, un peu le notaire, un peu l’avocat consultant, bref, un légiste à tout faire qui cumule les bénéfices de plusieurs spécialités ailleurs distinctes. Le comté n’était point fort étendu, la ville ne comptait guère plus de quatre mille habitants, mais comme la clientèle de M. Wilkins se recrutait, dans un rayon de vingt milles, chez presque toutes les familles nobles, son cabinet, fondé par son grand-père, amélioré par son père, lui donnait d’assez amples produits, et le plaçait sur un très-bon pied de confiance amicale vis-à-vis des principaux personnages du pays. Sans être positivement des leurs, il était trop avant dans les secrets de leur existence pour n’être pas accueilli chez eux, admis à leur table, — sans sa femme, cela va de soi, — et même