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commise à seize ans, dans l’ignorance de cet âge et l’isolement de toute affection. Un tel exemple n’a rien d’entraînant.

M. Bradshaw, l’un des plus influents paroissiens du pasteur Benson, représente l’aristocratie d’argent, vulgaire, vaine, inflexible, généreuse par ostentation, probe avec dureté, étouffant sous les conventions sociales un reste de cœur. Mrs Gaskell flagelle volontiers ces orgueilleux de bourse, purse-proud, qui pèsent le mérite au poids des écus, et estiment un homme non pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il a. Elle en avait, sans doute rencontré plus d’un.

Les critiques lui reprochèrent d’en vouloir à la fortune, de ne pas tenir la balance égale entre le pauvre et le riche, de mettre tous les griefs d’un côté, tous les torts de l’autre. Elle répondit plus tard victorieusement par la publication de Nord et Sud, beau roman, consciencieusement observé et pensé, où, plus calme, elle rend pleine justice au fabricant, fils de ses œuvres, honorable chef de famille, intelligent, ferme, obligé de se défendre contre une population excitée par les meneurs qui fomentent les irritations et propagent les grèves. L’influence d’une femme, sa tendre sympathie pour les travailleurs, son généreux dévouement pour le maître attaqué, apaisent les rancunes et rapprochent les cœurs. Mais j’ai hâte d’en finir avec ces ouvrages, nés du désir intense de redresser ce qui est mal, enfantés avec tristesse et marchant vers un but louable sans dévier. C’est un devoir pieux, accompli souvent avec passion, toujours avec un incontestable talent ; cependant Mrs Gaskell avait en elle une source d’inspiration