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faisaient envisager comme probable un dénoûment sinistre, une issue fatale.

Je devais partir au commencement d’août ; mais, sans qu’un mot fût prononcé à ce sujet, l’exécution de tous mes plans se trouva indéfiniment ajournée. Je me sentais indispensable au ministre, et ce n’était pas mon père qui dans de telles circonstances m’aurait pressé de quitter Hope-Farm ; — indispensable, ai-je dit, et je m’explique.

À l’heure critique, recueillant le fruit de ses bons exemples et de ses pieuses exhortations, le ministre avait trouvé chez tous ses serviteurs le même bon vouloir, le même intérêt, le même dévouement. Le jour où Phillis tomba malade, il réunit dans la grange encore vide les ouvriers de la ferme. Il réclama leurs prières pour le rétablissement de cette jeune fille aimée de tous ; il leur annonça que, désormais incapable de penser à autre chose qu’à cette enfant sur qui semblaient planer les ailes de l’Ange funèbre, ils ne devaient plus compter sur lui pour la direction de leurs travaux. Chacun s’en tirerait de son mieux. Et c’est ce que firent ces braves gens, dont la muette sollicitude, inscrite sur leurs fronts hâlés, se traduisait chaque matin par quelques questions à demi-voix, par des allées et venues inquiètes, et par ces hochements de tête qui accueillaient d’ordinaire les réponses de Betty, volontiers mêlées de fâcheux pronostics ; mais on n’avait à leur demander ni zèle très-actif, ni promptitude intelligente, et s’il fallait courir au château voisin pour obtenir de la glace, ou lancer une locomotive sur Eltham pour y aller quérir le médecin appelé à se prononcer sur tel ou tel symptôme que son confrère de Hornby signalait comme très-grave, les parents de Phillis ne pouvaient compter sur nulle autre assistance que la mienne.

Nous nous rencontrions sauvent, le ministre et moi ;