Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XX


Je vis bien de quoi il s’agissait ; aussi, refermant la porte et soufflant mon bougeoir, je restai pour subir mon arrêt. Le ministre ne savait évidemment par où commencer, et j’aurais pu douter qu’il m’eût rappelé, tant il paraissait s’absorber dans sa lecture de la Bible…

Tout à coup il leva la tête.

« J’ai à vous parler de votre ami Holdsworth… Dites-moi, Paul, croyez-vous que ce jeune homme ait des torts envers Phillis ?

— Des torts ? répétai-je, affectant plus de surprise que je n’en éprouvais,

— Vous savez ce que je veux dire… Lui a-t-il fait la cour ? lui a-t-il donné à croire qu’il était épris d’elle ?… tout cela pour s’en aller ensuite et l’abandonner à ses regrets ?… Bref, tournez la question comme il vous plaira ; mais répondez-y nettement, loyalement, sans répéter mes paroles. »

Je tremblais de la tête aux pieds pendant qu’il m’interpellait ainsi.

« Je ne crois pas, lui répondis-je sans hésiter, qu’Edward Holdsworth ait voulu tromper Phillis et lui ait jamais fait la cour. Il n’est point à ma connaissance qu’il ait cherché à lui persuader qu’il l’aimait. »

Je m’arrêtai là. Pour une confession complète, il fallait rassembler tout mon courage, et je voulais de plus, aussi longtemps que cela se pourrait, garder secret l’amour dont j’avais seul obtenu l’aveu. Le mystère de cette passion virginale était sacré pour moi comme pour Phillis,