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questions à transmettre, et que, dans mes préoccupations du moment, j’entrevis là une occasion toute naturelle de le mettre en correspondance avec l’homme appelé peut-être à devenir son gendre.

Les choses en étaient à ce point lorsque je revins à Hope-Farm pour y passer quelques jours. Au moment où j’abordais mes parents à la porte de la chapelle d’Hornby, on les complimentait sur l’heureux changement survenu dans la santé de leur fille. Je la regardai pour m’assurer que mon indiscrétion avait eu ce premier succès. Nos yeux se rencontrèrent, elle rougit et tourna la tête : nos mutuels souvenirs faisaient de nous deux complices un peu honteux de leur crime.

Le premier jour, elle m’évita, craignant peut-être une allusion au secret que nous avions en commun ; mais quand elle se fut bien assurée que pas un regard d’intelligence, pas un mot à double entente ne viendrait porter atteinte au mystère de sa vie intime, elle reprit vis-à-vis de moi son abandon fraternel. Un moment je l’avais accusée d’ingratitude et même d’injustice, je lui avais reproché de me punir par sa froideur d’une faute commise pour l’amour d’elle.

Je fus cependant bien forcé de reconnaître que cette timidité passagère, cet embarras du premier jour, ne portaient aucun dommage essentiel à notre amitié. Elle ne refusa plus, elle chercha au contraire les occasions de sortir seule avec moi. Elle me raconta les moindres incidents survenus depuis ma dernière visite, entre autres la maladie de Rover, et comme quoi le lendemain du jour où le ministre, sur la demande expresse de la chère tante, l’eut compris dans les invocations de la prière du soir, ce brave chien avait commencé à se rétablir. Elle me donna mille intéressants détails sur les mœurs de la volaille confiée à ses soins, et me mena cueillir des perce-