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chemin de fer projeté ; puis le souper fut apporté, comme de coutume, au coup de huit heures, et la cousine reparut, le front pâle, les traits rigides, les yeux parfaitement secs : dans ces yeux, je crus lire une sorte de défi à mon adresse, car j’avais sans doute blessé sa fierté virginale par le regard de sympathique intérêt que je venais de porter sur elle au moment où elle rentrait dans la salle basse.

Bien qu’elle se contraignît à parler de temps en temps, elle ne prononça pas une parole, elle ne fit pas une question relative à l’ami dont j’avais annoncé le départ.

De même le jour suivant. On devinait à son extrême pâleur la violence du coup subi par elle ; mais elle évitait de m’adresser la parole, et s’efforçait de ne rien changer à ses allures accoutumées. Je répétai à deux ou trois reprises, devant toute la famille, les messages affectueux dont j’avais été chargé pour ses divers membres. Ma pauvre cousine affectait de ne pas m’entendre, et ce fut ainsi que je la quittai le dimanche soir.


XV


Je n’avais plus affaire à un maître aussi indulgent. Le nouvel ingénieur maintenait pour l’emploi des heures une discipline rigoureuse ; et, malgré le voisinage, il se passa quelque temps avant que le loisir me fût donné de retourner à Hope-Farm.

C’était par un autre soir de novembre, froid et brumeux. Une sorte de vapeur ambiante avait pénétré jusque dans l’intérieur de la maison, malgré l’énorme bûche qui, garnissant le fond de l’âtre, aurait dû égayer la salle basse où je trouvai mes parents.