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LADY LUDLOW.

cadre de verdure, formé par les grands bois qui s’étendaient au loin.

La partie principale du château avait été modernisée à l’époque de la reine Anne ; mais on n’avait pas eu l’argent nécessaire pour compléter les embellissements rêvés d’abord, et l’on ne voyait de grandes fenêtres qu’aux salons et aux chambres d’honneur, qui ouvraient sur la terrasse, à droite de l’entrée particulière, fenêtres qui étaient maintenant assez anciennes pour être tapissées en toute saison de rosiers, de chèvrefeuilles et de pyracanthes. Mais revenons au jour où, d’après le message qu’elle m’avait adressé, j’allai trouver Sa Seigneurie en faisant tous mes efforts pour dissimuler la souffrance que j’éprouvais en marchant, et pour ne pas laisser voir combien j’avais pleuré. J’ignore si elle vit les larmes que j’avais tant de peine à retenir ; elle ne parut pas y faire attention, et me dit qu’elle m’avait priée de descendre parce qu’elle avait besoin de quelqu’un pour l’aider à ranger son bureau, et qu’elle me serait reconnaissante si je voulais bien la seconder dans cette opération. Jamais lady Ludlow ne rendait service aux gens sans leur laisser croire que c’était une faveur qu’elle sollicitait de leur part. Un fauteuil était placé à mon intention près de la fenêtre ; un tabouret, des coussins, une petite table, tout cela disposé pour moi avant que je fusse arrivée. Le fauteuil était moelleux et l’on s’y reposait à merveille ; il ne fut pas moins remplacé le lendemain matin par une chaise longue, que Sa Seigneurie lui avait fait substituer sans rien dire, pensant bien que j’y serais mieux ; quant au siège qu’elle occupait elle-même, c’était un fauteuil en bois doré, tout couvert de sculptures, surmonté d’une couronne de comte, et où je me trouvai horriblement assise, une fois qu’il me vint à l’esprit de l’essayer pendant que j’étais toute seule.