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AUTOUR DU SOFA.

au début de cette histoire, et où j’avais trouvé Sa Seigneurie le jour de mon arrivée au château. Je ne crois pas que j’y fusse entrée depuis lors ; toutes les fois que milady nous faisait venir pour lui faire la lecture, elle se tenait dans le petit salon qui précédait cette pièce, dont elle avait fait son cabinet particulier. Je suppose que les personnes de haute naissance n’ont pas besoin du secret et de la solitude que les petites gens recherchent dans leur intérieur. Il y avait au moins deux portes, quelquefois trois ou quatre, dans les pièces que milady occupait ; mistress Adam était toujours dans la chambre à coucher de Sa Seigneurie, où donnait l’une de ces portes, et mistress Medlicott dans une espèce d’antichambre qui précédait le petit salon, de manière qu’en élevant la voix, Sa Seigneurie pût toujours les appeler.

Représentez-vous un grand édifice carré, tirez une ligne qui le partage en deux portions égales, et vous aurez le château d’Hanbury ; à l’un des bouts de cette ligne était la porte de la salle qui constituait la grande entrée ; à l’autre bout du vestibule, se trouvait l’entrée particulière, donnant sur une terrasse, terminée d’un côté par une sorte de poterne, percée dans un vieux mur qui séparait le château des communs et des bâtiments d’exploitation. Les gens qui venaient trouver Sa Seigneurie pour lui parler d’affaires, passaient par le côté de la terrasse qui touchait à la poterne ; mais, pour sortir du château, milady n’avait qu’à traverser l’appartement de mistress Medlicott, puis une petite salle, et se trouvait sur la terrasse vis-à-vis d’un large escalier de pierre, conduisant à un jardin magnifique, où l’on trouvait de grandes et belles pelouses, des plates-bandes remplies de fleurs, des massifs d’arbustes de toute espèce ; enfin, de grands hêtres et de superbes mélèzes garnis jusqu’à terre de leurs branches flexibles, le tout enfermé dans un