Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
LADY LUDLOW.

— Ce serait bien heureux pour le comté, Henry Lathom, et pour vous également, si vous devez poursuivre votre carrière comme vous la commencez. Un excellent tribunal que vous faites à vous tous ! Quelle judiciaire que la vôtre et celle de vos collègues ! J’ai toujours dit et pensé qu’un bon despotisme est la meilleure forme de gouvernement ; et j’en suis de plus en plus convaincue en voyant le résultat de vos assemblées délibérantes, de vos jurys, de vos scrutins de toute espèce. Chères enfants, dit-elle en se retournant vers nous, si cela ne vous fatigue pas de retourner à pied au château, je prierai M. Lathom de vouloir bien monter dans mon carrosse, et nous irons immédiatement à la prison d’Henley pour en faire sortir ce malheureux Job à l’instant même.

— Une promenade à travers champs, et à cette heure-ci, est peu convenable pour des jeunes filles que personne n’accompagne, » objecta M. Lathom, qui désirait probablement échapper au tête-à-tête proposé, et qui, sans doute, répugnait à consentir aux mesures illégales que demandait Sa Seigneurie.

Mais de son côté M. Gray avait trop à cœur les intérêts du prisonnier pour ne pas lever tous les obstacles qui pouvaient s’opposer à son élargissement.

Rien de plus amusant à voir que la figure de milady lorsque le jeune ecclésiastique, en s’avançant, lui montra qui elle avait eu pour auditeur. Elle venait de tenir à M. Lathom le même langage que lui avait adressé le jeune ministre, et qui, dans la bouche de ce dernier, lui avait tant déplu ; elle avait parlé au magistrat d’une assez verte façon en présence de celui à qui elle avait vanté la droiture, le bon sens et pour ainsi dire l’infaillibilité de ce gentilhomme. Toutefois, avant que le jeune pasteur eût terminé l’offre qu’il faisait de nous reconduire au château, milady avait complètement repris possession