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AUTOUR DU SOFA.

sait les mêmes fonctions, de porter ses compliments à M. Lathom, et de lui dire qu’elle désirait lui parler. Je vous laisse à penser quelle fut notre joie en apprenant que nous allions assister à l’entrevue, et savoir les paroles qui allaient être échangées. Toutefois, nous aurions dû le regretter lorsque nous vîmes combien notre présence augmenta la confusion du pauvre gentilhomme, qui trouvait déjà bien assez pénible de répondre aux questions de lady Ludlow, sans avoir pour auditeurs deux jeunes filles au regard curieux, aux oreilles attentives.

« Monsieur Lathom, commença milady avec une vivacité qui ne lui était pas ordinaire, qu’ai-je entendu dire à propos de Job Gregsone ? »

Le nouveau magistrat parut très-contrarié, mais n’osa pas le montrer dans ses paroles.

« J’ai décerné un mandat contre lui, et l’ai fait arrêter comme voleur ; c’est tout, madame, répondit-il en s’inclinant. Vous connaissez la réputation de ce Job Gregsone : un braconnier de la pire espèce, qui tend des pièges, met des collets, pêche en tout temps et en tous lieux, avec toutes sortes d’engins ; et vous savez qu’il n’y a qu’un pas du braconnage au vol.

— Assurément, répliqua milady, qui, pour cette raison, avait horreur des braconniers ; mais je suppose que vous ne faites pas jeter un homme en prison par cela seul qu’il n’est pas bien famé ?

— Un vagabond, répondit M. Lathom, peut être arrêté sans être prévenu d’aucun acte spécial, tout bonnement pour sa manière de vivre, qui est un danger pour la commune, et qui est passible des rigueurs de la loi.

— Fort bien, répliqua milady ; mais ce n’est pas comme vagabond que vous avez fait emprisonner Job, c’est en qualité de voleur ; et sa femme, que je viens de