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LADY LUDLOW.

de preuves contre son accusé. Au nom du ciel, milady, parlez à ces messieurs ; ils écouteront Votre Seigneurie, tandis qu’ils me renverraient à mes propres affaires. »

Lady Ludlow, par malheur, n’était que trop disposée à soutenir les nobles, particulièrement ses proches ; et les Lathom d’Hataway étaient cousins des Hanbury. C’était d’ailleurs, à cette époque, une affaire de conscience que d’encourager un nouveau magistrat au début de sa carrière, en frappant d’un arrêt plus ou moins rigoureux les premiers individus qu’il faisait arrêter. Il faut avouer aussi que le malheureux Gregsone n’était pas fait pour inspirer de l’intérêt ; c’était le père d’une fille qui avait été placée au château en qualité d’aide de cuisine, et qui venait de se faire renvoyer pour son impertinence envers mistress Adam, la femme de chambre particulière de milady. Quel motif M. Gray avait-il de croire à l’innocence d’un pareil homme ? Quelles étaient ces preuves irrécusables dont il ne disait pas un mot, et qui, sans doute, n’existaient que dans son imagination ?

« Monsieur Gray, répondit Sa Seigneurie en se redressant un peu, je ne vois pas qu’il soit nécessaire de nous immiscer dans un pareil débat. M. Henry Lathom a l’esprit juste, le cœur droit, et saura reconnaître la vérité sans avoir besoin de notre concours.

— Mais de nouvelles preuves se sont produites, et l’innocence de…

— Je suppose, répliqua Sa Seigneurie, dont la taille devint plus roide et la parole plus froide, que ces preuves additionnelles ont été fournies au tribunal, composé d’hommes bien nés, dont l’honneur ne saurait faire aucun doute. Ils sentent naturellement que l’opinion de l’un d’entre eux doit avoir plus de poids que la parole d’un individu sans réputation, tel que ce Job Gregsone, qui vient on ne sait d’où, et qui est fortement soupçonné de