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AUTOUR DU SOFA.

« Allons, ne prenez pas cet air désespéré, dit-il en frappant sur l’épaule de son gendre ; ce n’est pas votre faute, puisque c’est le sort qui l’a voulu. Mais comment se fait-il que vous êtes tout mouillé ? Ton mari est trempé, Nest, voilà pourquoi il est si tremblant et si pâle. »

La jeune femme posa dans son berceau l’enfant qu’elle tenait toujours, et s’approcha d’Owen. Plongée dans une sorte de stupeur, à force d’avoir pleuré, c’est à peine si elle avait entendu les paroles de son mari, et certes elle ne les avait pas comprises. Son attouchement fondit la glace qui entourait le cœur d’Owen.

« Nest, dit-il, en la prenant dans ses bras, peux-tu m’aimer encore ?

— Pourquoi cesserais-je de vous, aimer ? lui demanda-t-elle, et ses yeux s’emplirent de larmes. N’est-ce pas vous qui étiez le père de mon enfant ?

— Oui ; mais si tu savais… Oh ! dites-le-lui ; Pritchard.

— À quoi bon ? c’est inutile, répondit Ellis ; elle a déjà trop de chagrin dans l’âme. Dépêche-toi, ma fille, et va chercher les habits que je mets les jours de fête.

— Je ne comprends pas, dit Nest, en portant la main à son front. Que doit me dire mon père ? Et pourquoi êtes-vous si mouillé ? Il faut que j’aie perdu la raison ; je ne devine pas le sens de vos paroles, et je suis toute surprise de l’expression de votre figure. Je ne sais qu’une chose, c’est que mon petit enfant est mort, ajouta-t-elle en fondant en larmes.

— Allons, Nest, allons ! occupe-toi des habits, lui dit son père. » Tandis qu’elle obéissait avec douceur, ne cherchant pas à comprendre où son mari avait pu se mouiller de la sorte, Ellis dit rapidement à Owen :

« Ainsi donc le squire est mort ? Parlez bas de peur qu’elle ne vous entende. Bien, bien, il est inutile d’entrer dans les détails ; je comprends comment cela s’est passé.