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AUTOUR DU SOFA.

et les regards pleins d’ardeur que celui-ci attachait sur sa fille.

Plus son amour devenait sérieux, plus Owen éprouvait d’embarras à le témoigner, et le soir, quand il revint de la chasse avec le pêcheur et qu’il s’approcha de Nest pour prendre congé d’elle, le salut qu’il lui adressa fut offert non moins timidement qu’il était accepté.

Cette première visite inaugura pour Owen une série de beaux jours consacrés, en réalité, à la jolie fermière de Ty-Glas, bien qu’il crût devoir, en commençant, déguiser le motif qui l’attirait chez Pritchard.

Tout ce que la coquetterie et l’amour peuvent inspirer à la femme, tout ce que l’ambition et l’intérêt peuvent suggérer à un homme, fut mis en pratique par Ellis Pritchard et sa fille pour rendre leur maison agréable au jeune squire et pour l’y attirer. Il suffisait d’ailleurs de le bien recevoir, pour qu’Owen trouvât du plaisir à multiplier ses visites. Chez son père, le peu de bienveillance que rencontraient ses paroles l’empêchait d’exprimer sa pensée ; ce n’était jamais à lui qu’étaient adressées les expressions affectueuses qui frappaient son oreille ; personne ne s’inquiétait de son absence, et n’attendait son retour. Quand il arrivait à Ty-Glas, su contraire, chacun se réjouissait de le voir ; le chien lui-même s’efforçait, par ses aboiements joyeux, d’attirer son attention et d’avoir une caresse ; on lui demandait ce qu’il avait fait, ce qu’il était devenu depuis sa dernière visite ; ses moindres mots rencontraient chez Ellis un auditeur attentif ; et quand il s’approchait de Nest, qui était occupée soit à son rouet, soit à faire le beurre, la coloration plus vive de la jeune fille, le regard qui répondait au sien, l’abandon avec lequel cette petite main lui était donnée, le transportaient dans un monde rempli de délices.

Pritchard, en sa qualité de tenancier de Bodowen, avait