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AUTOUR DU SOFA.

foyer, ravivée de temps à autre par une nouvelle motte de tourbe, éclairait en plein quatre jeunes gens qui dansaient une espèce de branle, analogue à celui d’Écosse, et qui, dans leurs mouvements rapides, conservaient à merveille la mesure de l’air que jouait le fameux harpiste. Ils avaient leur chapeau sur la tête ; mais, s’étant animés peu à peu, ils jetèrent leur coiffure au loin et se débarrassèrent de leurs souliers, qu’ils lancèrent également avec force, sans s’inquiéter de l’endroit où ils pourraient tomber. Des applaudissements frénétiques saluèrent cette preuve d’adresse, dans laquelle chacun des danseurs paraissait avoir pris à tâche de surpasser les autres ; à la fin n’en pouvant plus, ils allèrent se rasseoir, et le musicien passa graduellement à l’une de ces mélodies nationales, pleines de verve et d’inspiration, auxquelles il devait sa célébrité. Les auditeurs, groupés autour de lui, l’écoutèrent bouche béante, et sans oser reprendre haleine. Quand il eut fini d’exécuter la marche des hommes d’Harlech, il joua l’air des trois cents livres, et aussitôt l’un des jeunes gens qui se trouvaient là chanta un récitatif, divisé par strophes nombreuses ; un autre reprit ensuite ce chant monotone, qui paraissait interminable. Owen, fatigué, allait partir, lorsqu’un certain tumulte fut occasionné à l’autre bout de la salle par l’entrée d’un homme d’environ cinquante ans, et d’une jeune fille, dont ce dernier paraissait être le père. Le nouveau venu se dirigea vers le banc des vieillards, où il fut accueilli par les paroles touchantes du salut gallois. « Pa sut mae dy galon ? (Comment ton cœur est-il ?) » et chacun, après avoir bu à sa santé, lui passa le gobelet rempli d’excellent courou. Sa fille, évidemment la belle du village, n’était pas moins bien reçue par les danseurs, tandis que la partie féminine de l’assemblée lui jetait des regards peu bienveillants, qu’Owen Griffith mit