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LA DESTINÉE DES GRIFFITH.

que le fils qu’il avait tant aimé n’était plus rien pour lui.

Quant à sa belle-mère, elle était à son égard d’une prévenance qui allait jusqu’à l’importunité ; néanmoins, pensait-il, le cœur n’avait aucune part dans ces attentions qui voulaient être séduisantes. Deux ou trois fois Owen avait surpris, dans les yeux de la dame, un regard qui lui faisait mettre en doute la sincérité des soins flatteurs dont il était l’objet.

Mistress Griffith avait amené avec elle un petit garçon de trois ans, qu’elle avait eu de son premier mari. C’était l’un de ces enfants malins et railleurs dont la conduite échappe à tout contrôle ; ses niches malicieuses, accomplies d’abord dans l’ignorance du mal qu’elles pouvaient faire, tiraient ensuite pour lui leur principal attrait de la souffrance qui en était le résultat ; c’était en un mot l’un de ces lutins que le bas peuple croit être fils de quelque mauvais génie, et qui semblent justifier cette superstition galloise.

Les années s’écoulèrent ; Owen, en grandissant, devenu plus fin observateur, remarqua dans les courtes visites qu’il faisait au manoir, combien son père avait changé. L’influence de mistress Griffith, irrésistible dans ses effets, avait opéré chez son mari une transformation complète : le squlre n’avait plus d’autre opinion que celle de sa femme, et cependant celle-ci n’exprimait pas sa manière de voir. Il en était de même de tous les désirs qu’elle pouvait éprouver ; leur accomplissement se faisait si peu attendre qu’ils paraissaient toujours avoir été prévenus, tant elle possédait l’art de les faire naître dans l’esprit de son mari, qui croyait agir de son propre mouvement.

Mistress Griffith abdiquait l’autorité pour en avoir la puissance. Owen, s’en étant donc aperçu, attribua doré-