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AUTOUR DU SOFA.

Cette vallée formait la plus grande partie de la fortune dont venait d’hériter la femme de sir Griffith, et renfermait dans sa région supérieure, Bodowen, l’ancienne résidence de la famille, un édifice carré, aux proportions massives et qui avait bien juste les ornements nécessaires pour se distinguer de la maison de ferme.

C’est à Bodowen que nos jeunes mariés étaient venus fixer leur demeure, et c’est là que mistress Griffith donna le jour à deux enfants : Lléwellyn, futur héritier des domaines et du titre de la famille, et Robert, qui, dès l’âge le plus tendre, fut destiné à l’église. La seule différence qu’il y eût dans la position des deux frères, jusqu’au moment où le cadet fut placé au collège, c’est que Lléwellyn était invariablement gâté par tous ceux qui l’entouraient, tandis que Robert était gâté et châtié tour à tour. On trouvait à merveille que le futur squire ne profitât nullement des leçons du prêtre gallois qui lui servait de précepteur ; mais il arrivait de temps en temps que sir Griffith gourmandait Robert de sa paresse, en lui disant que plus tard il aurait à gagner son pain, et qu’en sa qualité de cadet il devait faire de bonnes études.

Je ne sais pas où l’aurait conduit cette alternative de sévérité et d’indulgence, et comment il se serait tiré de ses examens, si, avant d’arriver là, notre cadet n’avait appris la mort de son frère, qui venait d’être emporté en quelques jours à la suite d’une orgie.

Robert fut naturellement rappelé dans la maison paternelle, et comme la science ne lui était plus indispensable, on décida, non moins naturellement, qu’il ne retournerait pas à Oxford ; c’est ainsi que notre cadet, à demi instruit, mais non pas inintelligent, se trouva réinstallé à Bodowen, où il perdit ton père quelques années après.

Il n’est pas très-rare de rencontrer des gens de la nature du nouvel héritier ; Robert, en général, était doux,