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AUTOUR DU SOFA.

de leur race. Disons, par parenthèse, que le collecteur de cet impôt de capitation pouvait, dans chaque maison de cagot, réclamer, en même temps, un morceau de pain d’une grosseur déterminée pour la nourriture de son chien.

Dans le siècle où nous sommes, il a fallu, en certains endroits, que l’archidiacre du diocèse, suivi de tout son clergé, passât par la petite porte réservée autrefois à la caste maudite, pour atténuer le préjugé qui, même à cette époque, empêchait le commun des fidèles de se mêler aux cagots dans la maison du Seigneur. L’un de ces réprouvés, qui habitait Larroque, joua aux habitants de cette commune un tour que lui avait suggéré cette action des archidiacres : il ferma sans bruit la grande porte de l’église, pendant que les paroissiens assistaient à la messe, et mit du sable dans la serrure pour empêcher qu’on ne pût l’ouvrir au moyen d’une seconde clef ; il s’ensuivit que notre homme eut le plaisir de voir tous les gens de race pure défiler, en courbant la tête, par la porte basse qui servait aux cagots.

Nous sommes à la fois surpris et indignés en découvrant les preuves de cette haine qui, récemment encore, persécutait sans motifs une race industrieuse et innocente.

L’épitaphe de mistress Mary Hand, gravée dans l’église de Stratford-sur-Avon, pourrait peut-être servir de morale à cette histoire de la caste maudite :

« Si vous voyez mes défauts, tâchez de les éviter ; et regardez en vous-même, il y a bien certainement quelque chose à y reprendre. »