traire le sel particulier qui donnait à leur corps cette chaleur miraculeuse ; mais il se trouva que le sang des cagots était absolument pareil à celui des autres hommes. Quelques-uns de ces docteurs nous ont laissé le portrait de cette race infortunée, portrait qui ressemble encore aux individus d’origine cagote que l’on retrouve dans l’ouest et dans le midi de la France. Ces derniers, ainsi que l’étaient leurs aïeux, sont grands, bien découplés et d’une organisation puissante ; ils ont la peau blanche, le teint coloré, les lèvres épaisses, mais nettement dessinées, les yeux d’un bleu grisâtre, et, suivant quelques observateurs, le regard profond et pensif. D’anciens rapports mentionnent avec surprise la tristesse de leur physionomie, et vont jusqu’à leur reprocher de n’avoir pas la gaieté des autres hommes ; c’est le contraire qui aurait été surprenant.
Le docteur Guyon, qui vivait dans le siècle dernier et qui, de tous les hommes de l’art, est celui qui nous a laissé les documents les plus nets sur la santé des cagots, nous parle de la vigueur que ces derniers conservaient jusque dans leur vieillesse. Il trouva, dans une seule famille, un homme et une femme de soixante-quatorze ans qui cueillaient des cerises, tandis qu’une autre femme, âgée de quatre-vingt-trois ans, était assise sur l’herbe et se faisait peigner par son arrière-petite-fille.
Ainsi que plusieurs autres médecins, le docteur Guyon étudia les cagots relativement à l’horrible odeur que ces réprouvés, disait-on, répandaient sur leurs pas, et dont ils infectaient tout ce qu’ils avaient touché ; mais il lui fut impossible, non plus qu’à ses confrères, de rien découvrir à cet égard. On s’occupa également des oreilles de ces réprouvés, qui, d’après l’opinion générale, opinion qui subsiste encore de nos jours, différait de celle du commun des mortels, en ce qu’elles étaient rondes,