Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
228
AUTOUR DU SOFA.

resser miss Galindo furent placées sur la table : pour qu’elle pût les examiner le soir, ainsi que plusieurs volumes de gravures, qui, je n’en doutais pas, étaient destinées à sa jeune compagne.

Il est impossible de se figurer avec quelle impatience j’attendais miss Bessy ; j’en suis vraiment confuse ; mais si l’on pense à la vie monotone que je menais depuis plusieurs années, on comprendra de quel intérêt devaient être pour moi toutes les nouvelles figures, surtout quand il était question d’un être mystérieux, dépourvu de nom de famille, et qui occupait toutes mes pensées.

Nos deux hôtesses prirent le thé dans la grande salle avec les quatre jeunes filles qui étaient, comme moi, pensionnaires de milady. Pas une de ces jeunes filles ne se trouvait au château lorsque j’y étais arrivée ; toutes mes anciennes compagnes étaient parties, les unes pour se marier, les autres pour retourner dans leurs familles. J’avais moi-même un espoir analogue : mon frère Henry venait d’être nommé vicaire dans une paroisse du Westmoreland, et paraissait désirer que j’allasse vivre auprès de lui. Mais revenons à miss Galindo et surtout à miss Bessy.

Après avoir pris le thé dans la grande salle et causé pendant quelques minutes, on avait parcouru les salons en s’arrêtant devant chaque portrait de famille ; Sa Seigneurie ne manquait jamais de les montrer aux personnes qu’elle recevait pour la première fois ; c’était une manière de les mettre à l’aise en leur faisant les honneurs du château, et en les présentant aux personnages qui l’avaient habité. J’écoutais de toutes mes oreilles, espérant toujours que l’on allait arriver, et j’entendis enfin les pas de lady Ludlow qui s’approchaient du petit salon où l’on devait passer la soirée. J’étais si troublée que je me serais enfuie si j’avais pu courir ; cependant rien ne motivait cette émo-