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LADY LUDLOW.

à s’éloigner, il raconta les tristes particularités de son voyage.

« Mark a laissé un enfant, une petite fille, dit-il après avoir fait une assez longue pause.

— Mais il n’était pas marié ! s’écria Mme Trévor.

— Une petite fille, dont je suppose que la mère est morte, continua le docteur ; j’ai trouvé l’enfant dans la maison, avec une vieille bonne qui paraissait chargée de toutes les affaires du ménage, et qui a terriblement volé ce pauvre Mark ; la chose est facile à comprendre.

— Mais l’enfant ! interrompit Mme Trévor, qui ne revenait pas de sa surprise. Comment savez-vous que c’est la fille de mon frère ?

— La bonne me l’a dit et s’est fort indignée des doutes que j’osais manifester à cet égard. J’ai demandé à la pauvre petite comment elle se nommait : « Je m’appelle Bessy et je voudrais voir papa, » m’a-t-elle répondu en pleurant. Tout ce que j’ai pu savoir de la vieille femme, c’est qu’elle avait été gagée pour élever cette enfant que M. Gibson appelait sa fille. Plusieurs amis de votre frère, que j’ai eu l’occasion de voir, m’ont dit la même chose, et ne doutaient pas que M. Gibson ne fût le père de Bessy.

— Et qu’en ferons-nous ? demanda Mme Trévor.

— Je n’en sais rien, répondit le docteur. Mark a laissé tout au plus de quoi payer ses dettes, et votre père ne viendra certainement pas au secours de la pauvre petite. »

Quelques instants après, Mme Trévor se retira dans sa chambre, et le docteur alla dans son cabinet ; il y était depuis quelque temps, lorsque miss Galindo vint frapper à sa porte ; ils eurent ensemble une longue conversation dont le résultat fut que la vieille fille et le docteur partirent le lendemain pour Londres, qu’ils ramenèrent la petite Bessy, et la placèrent dans une ferme, aux environs