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LADY LUDLOW.

d’une fois regretter de voir les commandes qui lui étaient faites, passer en d’autres mains, depuis qu’elle consacrait à ses registres le temps précieux qu’elle eût donné à la couture ; mais elle n’en avait jamais parlé devant milady ; et la vieille miss faisait courir sa plume aussi longtemps qu’il était nécessaire, avec un entrain qui ne se démentait pas.

Sa Seigneurie fut donc excessivement contrariée lorsqu’elle vit que la vieille fille avait cru ne pas recevoir de salaire. Je suppose qu’elle avait mis tant de réserve en traitant cette question délicate qu’il avait été impossible à miss Galindo de comprendre ses intentions. Quant à cette dernière, elle fut profondément blessée de l’insistance que mettait milady à la payer d’un service qu’elle avait rendu de si bon cœur.

« Non, ma chère lady, répliqua-t-elle, non, non ! fâchez-vous si vous voulez, mais n’offrez pas de me payer, je vous en conjure. Souvenez-vous de Mark Gibson et de ce que vous avez été pour moi à cette époque. Je ne vous cacherai pas que j’avais besoin d’argent, et cela pour un dessein particulier ; mais quand j’ai découvert que je pouvais vous rendre service, et je vous bénis de me l’avoir demandé, j’ai renoncé au plan que j’avais fait, je me suis décidée à autre chose ; tout est réglé maintenant : Bessy va sortir de pension, et viendra demeurer chez moi. Je vous en supplie, ne me parlez plus d’argent ; vous ne savez pas combien je suis heureuse d’avoir pu vous être utile ; n’est-ce pas Marguerite Dawson ? Ne m’avez-vous pas entendu dire plus d’une fois que je me couperais volontiers la main pour milady. Suis-je donc une bûche ou un rocher pour ne pas me souvenir d’un bienfait ? Je suis si contente d’avoir travaillé pour vous, lady Ludlow. Et puisqu’il est décidé que Bessy viendra chez moi, je n’ai plus tant besoin d’argent. Pauvre créature !