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LADY LUDLOW.

trop grande ? » poursuivit lady Ludlow. Était-ce par malice ou par simplicité qu’elle interprétait de la sorte les paroles du procureur, c’est ce que je ne saurais dire.

« Mais ce n’est pas un capitaine de vaisseau, ajouta-t-elle ; c’est un simple commandant de frégate, et sa pension est très-peu de chose ; d’ailleurs, en lui offrant l’air de la campagne et une occupation salutaire, il est possible que je contribue à lui faire recouvrer la santé.

— Une occupation ! Mais je le demande à Votre Seigneurie, quelles connaissances un officier de marine peut-il avoir en agriculture ? Vos fermiers se moqueront de lui.

— Mes fermiers, j’en ai la certitude, respecteront la personne qu’il m’aura plu d’investir de mon autorité. Le capitaine James a l’expérience du commandement, c’est un homme de grand sens et d’une habileté pratique fort remarquable ; chacun lui rend cette justice ; d’ailleurs, quelle que puisse être la nature de ses facultés, la chose ne regarde que lui et moi, et je m’estimerai fort heureuse s’il condescend à ma demande. »

Il n’y avait plus moyen de faire d’objections après des paroles aussi catégoriques, et M. Smithsone fut réduit au silence.

J’avais entendu dire plusieurs fois à milady combien le capitaine James avait été bon pour son fils Urian, lorsque celui-ci était entré dans la marine, et je me rappelais que Sa Seigneurie avait manifesté le désir de lui en prouver sa reconnaissance ; j’avoue malgré cela que j’étais de l’avis du procureur, et je trouvais comme lui qu’il était assez bizarre de confier l’administration d’une terre à un marin. M. Smithsone, comme on peut le supposer, n’en reparla plus à Sa Seigneurie ; mais il ne put s’empêcher de s’en entretenir avec miss Galindo, qui ne manquait pas de me tenir au courant de tout ce que l’on faisait et