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AUTOUR DU SOFA.

environ trois mille livres[1], en priant son exécuteur testamentaire de veiller à ce qu’on enseignât à l’enfant certaines choses pour lesquelles ce dernier paraissait avoir une aptitude spéciale. Cette recommandation était accompagnée d’une phrase où M. Horner établissait qu’Henry, devenu infirme, ne pouvait plus gagner sa vie par une profession manuelle, ainsi que le désirait une noble dame pour laquelle le testateur avait un profond respect, et dont les vœux étaient pour lui des ordres.

Mais par un codicille autographe, écrit d’une main tremblante et postérieur à la mort du comte, M. Horner avait révoqué la donation qu’il avait faite à Henry, et ne lui laissait plus que deux cents livres[2], confiées à M. Gray, pour être employées de la façon la plus avantageuse au petit Gregsone. Le régisseur léguait tout le reste de ses épargnes à lady Ludlow, afin de concourir, autant que possible, au remboursement de l’hypothèque dont il avait été si malheureux pendant sa vie. Je ne me sers peut-être pas des termes qu’emploierait un homme de loi ; c’est par miss Galindo que j’ai connu toute cette affaire, et il est possible qu’elle-même se trompât d’expressions, bien qu’à vrai dire elle possédât une lucidité d’esprit qui ne tarda pas à lui gagner l’estime de M. Smithsone, le procureur de lady Ludlow. Celui-ci la connaissait de réputation ; il l’avait rencontrée plusieurs fois, mais il ne s’attendait pas à la voir installée au château en qualité de commis du régisseur, et il la traita d’abord avec une politesse dédaigneuse. Mais c’était à la fois une femme de tête et de sens que notre vieille demoiselle, et qui savait se refuser toute bizarrerie de parole et d’action lorsque bon lui semblait. Elle se présenta donc au procureur dans

  1. Soixante-quinze mille francs.
  2. Cinq mille francs.