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LADY LUDLOW.

été bien loin dans cette affaire avant d’avoir obtenu mon consentement, répliqua milady, qui s’était levée pour mettre un terme à la conversation, et qui sortit de la chambre sans expliquer le motif de son départ.

— Je n’en fais jamais d’autres, s’écria la vieille fille, lorsque lady Ludlow nous eut quittées. Je suis vraiment stupide avec mes bavardages. Il est bien certain qu’aujourd’hui la tête des gens va vite en matière de projets, surtout quand celui qui les rêve est un pauvre malade qui ne peut faire autre chose que de ruminer ses plans.

— Milady oubliera bientôt que vous l’avez contrariée, » dis-je, avec l’intention d’apaiser la vieille fille ; mais je ne fis qu’attirer sur ma tête les reproches qu’elle s’adressait à elle-même.

« Est-ce que milady n’a pas le droit de m’en vouloir, et d’être fâchée contre moi aussi longtemps qu’il lui plaît ? riposta miss Galindo. Est-ce que je me plains de Sa Seigneurie, pour que vous ayez besoin de l’excuser ? Je la connais depuis trente ans, et s’il lui convenait de me prendre par les épaules et de me mettre à la porte je ne l’en aimerais qu’un peu plus. Ne venez donc pas vous placer entre nous avec vos paroles de conciliation. J’ai tout gâté, en jasant comme une pie borgne, et Sa Seigneurie fait bien de m’en vouloir, je l’en estime davantage. Adieu, miss ; attendez ayant de parler de milady que vous l’ayez connue autant que moi. »

Et miss Galindo s’en alla.

Je ne comprenais pas bien le tort qu’elle pouvait me reprocher ; mais j’eus soin désormais de ne lui faire aucune remarque sur le compte de milady, car il était facile de voir qu’une vive reconnaissance l’attachait à lady Ludlow, pour laquelle elle avait un véritable culte.

Pendant ce temps-là, Henry Gregsone commençait à marcher en boitant dans la rue du village. Il était tou-