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AUTOUR DU SOFA.

fort heureusement pour tous ceux qui l’habitent, car ils seraient fort embarrassés d’émettre une opinion, s’ils étaient obligés de la formuler eux-mêmes. Il est seulement bien fâcheux que vous ne puissiez pas vous entendre avec ce bon M. Gray.

— La dernière fois que je l’ai vu, répliqua lady Ludlow, je lui ai promis de réfléchir à sa demande ; le meilleur moyen de me faire accepter une idée contraire aux miennes est, je crois, de me laisser tranquille à cet égard et de ne pas m’en parler. »

Malgré la douceur avec laquelle milady avait proféré ces paroles, on sentait qu’elle avait grand’peine à maîtriser son impatience ; je ne crois pas l’avoir jamais vue plus agacée qu’elle ne l’était alors ; et cependant, ne voulant pas que miss Galindo pût s’attribuer l’irritation qu’elle éprouvait, elle ajouta d’une voix de plus en plus douce :

« Vous ne sauriez croire combien M. Horner est entiché de ces plans d’éducation ; il en parle à propos de tout, non pas qu’il fasse de longs discours sur la matière, ce n’est pas son genre ; mais il y revient sans cesse.

— Je sais bien pourquoi, milady, répliqua la vieille fille ; Henry Gregsone, le pauvre enfant, ne pourra plus gagner sa vie par un travail actif, car le voilà boiteux pour le reste de ses jours ; M. Horner, qui l’aime plus que tout au monde (après Votre Seigneurie toutefois), a le projet de continuer l’éducation du pauvre gars ; et il se dit en lui-même que si les plans de M. Gray pouvaient réussir, son protégé deviendrait un jour maître d’école. Votre Seigneurie ne voulant pas que l’enfant travaille chez le régisseur, il faut bien penser à autre chose. Quant à moi, j’aurais vivement désiré que Votre Seigneurie approuvât ce double projet.

M. Horner et M. Gray ont, à ce qu’il me semble,