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LADY LUDLOW.

vieille fille ne coûtaient rien, non plus que ses drogues ; elles étaient presque toujours accompagnées de bouillon, de tranches de bœuf, etc., médecine réconfortante qui n’était pas sans valeur ; et bien que la chère demoiselle n’allât jamais nulle part sans chapitrer les gens à propos de choses et d’autres, on préférait en général ses services, en cas de maladie, aux soins médicaux de M. Prince.

« Il a bien fallu cette fois que le vieil âne tolérât ma présence, poursuivit miss Galindo ; j’étais arrivée la première, j’avais droit de possession ; d’un autre côté mon Prince tenait énormément à l’honneur de soigner notre ministre et de se trouver en consultation avec un grand médecin. Le hasard veut que le docteur Trévor soit l’un de mes anciens amis (la vieille fille soupira, je vous dirai plus tard à quel propos) et qu’il me traite avec infiniment de respect ; d’où il résulte que ne voulant pas agir autrement que son chef de file, notre médicastre fut obligé, quoi qu’il en eût, de me saluer jusqu’à terre ; mais on aurait cru qu’il entendait gratter un crayon sur une ardoise quand j’ai dit au docteur que je veillerais les deux enfants ; ce bon M. Gray me paraît à peine sorti de l’adolescence, en dépit de la manière dont il défend ses opinions.

— Pourquoi passer la nuit, miss Galindo ? vous vous fatiguerez horriblement ; est-ce qu’il n’y a personne auprès d’eux ? ne pus-je m’empêcher de le lui dire.

— On les garde assurément, répondit-elle, les bons cœurs ne manquent pas ; mais j’ai bien d’autres chats à fouetter, il faut que je fasse taire la mère Gregsone qui pleure auprès de son fils, et dont les sanglots troubleraient M. Gray. C’est une potion qu’il faut donner à l’un, des bandes et des compresses à préparer pour l’autre ; puis la horde sauvage des frères et sœurs du blessé qu’il faut mettre à la porte ; le père Gregsone dont il faut brider