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LADY LUDLOW.

pain quotidien. Le comte de Courcy, pauvre niais ! qui fut mis à mort par cette canaille dont il se préoccupait tant, et qui avait inculqué à sa fille les vaines théories qui poussèrent la pauvre créature à refuser son cousin, le comte de Courcy avait été frappé de l’intelligence du petit Pierre, qu’il rencontrait parfois jouant dans sa cour. Voulant mettre en pratique ses folles idées sur l’éducation du peuple, il s’imagina d’instruire lui-même le fils de sa concierge, occupation rebutante qui le fatigua bientôt. Mme Babette, d’ailleurs, n’était plus à sa porte ; néanmoins il continua de s’intéresser au petit Pierre et s’arrangea de façon que ledit marmot pût apprendre à lire, à écrire, à calculer, et je crois même, Dieu me pardonne, qu’il fut question de latin. Il en résulta qu’au lieu d’être un innocent messager, comme il l’eût été sans cela, et comme le fût resté ce petit Gregsone que M. Horner m’a envoyé aujourd’hui, le fils de dame Babette, l’enfant de la portière du comte, sut lire et écrire aussi bien que vous et moi. Qu’arriva-t-il ? C’est que Pierre avait à peine le bouquet entre les mains qu’il en dénoua la ficelle, et que du milieu de la mousse qui entourait les fleurs, il tomba un chiffon de papier où se trouvaient quelques mots couverts de moisissure. Le maudit Pierre ne manqua pas de le ramasser et d’en lire le contenu. « Chaque jour à 9 heures du soir ; tout est préparé, disait l’auteur du billet. Ne redoutez rien ; confiez-vous sans crainte à celui qui, malgré l’espérance qu’il a pu nourrir jadis, est heureux de vous être utile en qualité de fidèle et bon cousin. » Suivait le nom d’un endroit que j’ai oublié, mais que Pierre eut bien soin de graver dans sa mémoire, car évidemment c’était le lieu du rendez-vous.

Quand le fils de la concierge eut appris par cœur ces quelques lignes, il remit le papier à la place où il l’avait