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AUTOUR DU SOFA.

maison, avait acquis une sensibilité d’oreille excessive. Le pied d’un homme franchissait-il la porte de la rue, qu’un léger tour de l’œil trahissait l’attente de la pauvre mère : elle retenait son haleine, jusqu’au moment où les pas se dirigeaient vers l’appartement du comte ; puis fermant alors ses paupières flétries, et laissant échapper un faible soupir, elle indiquait la déception poignante qu’elle venait d’éprouver.

L’ancien régisseur qui avait appris à Clément la mort du comte, se présenta enfin à l’hôtel, et je fus avertie qu’il désirait me parler. Je descendis bien vite, ne voulant pas faire monter ce brave homme, dans la crainte que la marquise ne vînt à l’entendre.

Je vois toujours ce bon vieillard : il tenait son chapeau à deux mains, et s’inclina jusqu’à terre lorsque j’entrai dans la pièce où il m’attendait. J’augurai mal d’un salut aussi profond, et ce fut en tremblant que je lui demandai s’il avait des nouvelles.

« Oui, madame, répondit-il en baissant la tête comme un enfant pris en faute ; j’ai rencontré hier l’un de mes anciens camarades qui arrive de France, un nommé Lefebvre, attaché comme moi à la maison de la marquise, et si madame le permet, j’irai le chercher pour qu’il lui raconte lui-même tout ce qu’il m’a dit hier au soir. »

Quelques instants après, Fléchier, c’est ainsi qu’on appelait l’ancien régisseur, me présenta son ami Lefebvre, qui attendait à la porte de l’hôtel, s’imaginant bien que je désirerais lui parler. Plus tard, j’appris d’autres détails qui complétèrent cette histoire et qui me firent comprendre (ce qui me ramène à mon point de départ) tout ce qu’il y a de dangereux à répandre l’instruction dans la basse classe.

Une fois en France, il n’avait pas été difficile à Clément