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CHAPITRE VI.

Le délire de la marquise dura toute la nuit et m’effraya au point que j’envoyai un émissaire à Clément, dans l’espoir qu’on pourrait le rejoindre et nous le ramener bien vite. Mais j’avais sans doute mal indiqué la direction qu’il fallait prendre, car mon messager ne trouva pas le marquis, et ne revint que le jour suivant, après le retour de mon mari et de mon fils. La marquise était plus calme, l’épuisement avait triomphé de sa douleur. Milord et Monkshaven nous revenaient pleins d’espoir, et leur satisfaction me rendit un peu de courage. Tout s’était passé à merveille ; ils avaient accompagné Clément jusqu’à la côte, avaient aperçu un lougre que milord avait hélé en homme de mer. Le capitaine avait immédiatement répondu à ce bel et bon langage nautique, en envoyant un canot pour chercher le passager et en invitant ces messieurs à déjeuner avec lui. Mon fils avait décliné l’invitation ; mais lord Ludlow n’avait pas mieux demandé que de faire honneur au grog, au biscuit et au poisson du capitaine ; c’était, disait-il, le meilleur repas qu’il eût jamais fait depuis qu’il était au monde. Je suppose que c’est grâce à l’appétit que lui avait donné le voyage. Toujours est-il que sa bonne humeur avait touché le capitaine, et