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AUTOUR DU SOFA.

l’expression d’une joie sincère, et l’excellent homme reprit la parole avec plus d’assurance :

« Vous trouverez cela fort ennuyeux, dit-il ; excepté quelques anciens amis, de vieux barbons de mon espèce, et une ou deux jeunes femmes d’une bonté parfaite, je ne sais pas qui pourrait venir à nos lundis. Marguerite a la vue trop faible pour supporter la lumière, et le salon est fort peu éclairé ; vous voyez que cela n’a rien d’attrayant. Ne me remerciez pas avant d’en avoir fait l’épreuve ; si vous êtes satisfaites, la meilleure façon de nous exprimer votre gratitude, sera de revenir tous les lundis, de sept à neuf heures. Adieu, miss, adieu, ou plutôt à revoir. »

Je n’avais encore assisté qu’à des réunions d’enfants, et jamais bal de la cour ne parut être un plus grand honneur, et ne promit plus de plaisir à une jeune fille de Londres, que je n’en rêvais à propos de cette soirée du lundi.

Vêtue classiquement d’une robe de mousseline blanche, toute neuve et fortement empesée, que notre vieille bonne m’avait faite en prévision d’une pareille circonstance, et qui me paraissait, ainsi qu’à mes sœurs, le nec plus ultra de la parure, je me rendis avec miss Duncan chez M. Dawson, à l’heure que celui-ci nous avait indiquée.

Nous traversâmes une antichambre assez vaste (la maison était ancienne et ne manquait pas d’une certaine splendeur), et de cette antichambre on nous introduisit dans un grand salon carré, au milieu duquel le sofa de mistress Dawson avait été placé. Derrière la pauvre infirme, un candélabre à sept ou huit branches était posé sur une table ; c’était le seul éclairage de cette énorme pièce, dont les proportions m’étonnèrent, surtout en les comparant à celles des chambres rétrécies que nous oc-