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Et la langue épaisse, la bouche en cul de poule, il sifflait : « Fu, fu, fu, fu !… »

Quarante années d’observations et d’expériences lui avaient permis, affirmait-il, de ne jamais se tromper.

Très bien ! disait-on. Mais le chardonneret, savez-vous faire le chardonneret ?

Rien n’est plus facile !

Et c’était exactement la même chose que la caille : « Fu, fu, fu, fu ! »

On lui demanda successivement le canari, l’alouette, le rouge-gorge, la mésange, le coucou ; à chaque nom, il approuvait de la tête pour dire qu’il connaissait et, tapant toujours sur les touches, il répétait : « Fu, fu, fu, fu ! »

Quand on ne lui demandait plus rien, il rentrait dans le bureau, vidait un verre de bourgogne et, sans parler à personne, la figure tout d’une pièce, il attendait.

On s’était donné le mot ; à tour de rôle on lui demanda la sarcelle, la bécasse, la pintade et l’oiseau-mouche — et lui, sans jamais se lasser, sans jamais sourire, de l’air d’un homme qui se doit aux autres et n’a pas le droit de leur refuser ses talents, quittait son verre pour s’asseoir devant le piano : « Fu, fu, fu, fu ! » Il indiquait même la différence entre le chant du rossignol en cage et celui du rossignol en liberté.

Il resta le dernier dans la maison : on croyait tout