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CHAPITRE III


De tout temps, le vieux café de la Boule Plate — il doit cette enseigne, ne rimant plus à rien, à un jeu qui se trouvait installé dans un jardin dont il était accosté jadis — a été accueillant aux gens de plume. Alors que des glaces n’avaient pas encore remplacé les petits carreaux à reflets verdâtres des fenêtres, on lisait sur l’un de ces carreaux : « Ici l’on peut faire son courrier ». Les pères des journalistes de la présente génération y pondaient leur copie ; les poignettistes y mettaient leur brouillon au net ; d’aimables crotjes venaient parfois prier ces messieurs de leur ficeler une lettre à un amoureux ou à un protecteur ; autour de plus d’une de ses tables, on discuta des scénarios de pièces et des scènes de revue ; bref, la Boule Plate — il n’y a qu’à Bruxelles qu’on trouve ce genre de boule, ne manquent jamais de faire remarquer les étrangers — a toujours été teintée de journalisme, voire de littérature.

Au moment où se déroule l’histoire ici racontée,