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M. Gobbaerts les embrassait avec un tel appétit que le public finit par crier « Assez ! » et « Après vous, s’il en reste ! ».

La grosse joie des foules se donnait libre carrière ; on chantait, on trépignait et l’on hurlait pour le seul plaisir de faire du bruit ; on s’allongeait des claques sur les épaules, on débordait de gesticulations pour le seul besoin de s’extérioriser, de se dépenser.

La mère du 3e prix apostrophait véhémentement sa fille :

— Jéusius Maria ! si tu aurais mis votre faux chignon comme je l’avais dit, tu aurais reçu le 1er prix… Ça est bête !

Cependant le journaliste à l’asticot était filé derrière Mlle Vincent, enfin parvenue à quitter l’estrade. Charles entendit ce dialogue :

— Mademoiselle, j’ai voté pour vous. Vous demander votre photographie pour mon journal, et pour mon journal seul, ce n’est pas trop exiger, n’est-ce pas ?

— Une photographie, j’ai ça pas.

— Mais si, mais si, je parie que vous l’avez sur vous.

— Merci, saëz-vous, pour qu’on me met sur les « feulles » et sur des cartes-correspondance ; vous voudriez ça pas, hein ? On a déjà assez gueulé avec moi tout à l’heure.