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pas si difficile de soigner un malade : je sais là contre.

Dans la maison, où, maintenant, les serviteurs marchaient avec précaution, elle ne quittait presque pas Julien ; deux ou trois fois elle fit avec lui une promenade en voiture ; la nuit, elle dormait dans une chambre qui communiquait avec celle du jeune homme ; elle guettait sa toux, elle était toujours prête à accourir quand il gémissait, quand il tendait les bras hors des couvertures pour être secouru, consolé, réconforté, sauvé. Et de le voir si confiant, de constater que réellement il allait mieux, elle se prenait à croire aux miracles, elle refusait d’admettre la lente et sûre destruction, miette à miette, seconde par seconde, de cet organisme débilité, le désagrégement incessant de l’être fondant dans la Mort.

Il entrelaçait ses mains osseuses et faibles et les mettait dans les larges paumes de Mme Cécile qui les réchauffait, massait ensuite les doigts un à un pour faire circuler le sang, pour faire disparaître cette couleur bleuâtre, cette couleur cadavérique dont se teintaient leurs extrémités.

— Mon petit Julien, mon menneke… Vous voyez comme vos mains deviennent déjà plus belles !…

Il répondait : ui, d’un souffle et souriait, tendre et doux.