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zut ! c’est son affaire ! ». Du moment où Flagothier pratiquait l’art de disparaître quand c’était utile, le reste importait peu à l’égoïsme jouisseur d’André.

Pendant deux jours, il courut Paris avec Jane, pendant deux nuits il partagea son lit. Elle l’avait simplement prié d’envoyer en son nom à Flagothier un télégramme : « suis chez ma sœur jusque jeudi ».

Toutes ces belles choses, André se hâta, dès qu’il fut rentré à Bruxelles, de les venir raconter à Charles. Il l’avait prié de passer à la Boule Plate et ce fut là qu’il le renseigna. Charles ne fut guère étonné, mais il demeura quelque temps perplexe : fallait-il dire à Rose ce qui se passait ? Non, puisque cette révélation augmenterait son chagrin et ce sentiment de honte dont elle se sentait envahie à la pensée de la chute de son mari ; oui, si l’on songeait qu’Odon pouvait toujours, à l’insu de Rose, disposer en maître de l’actif de la communauté et la précipiter dans le gouffre de la dette, dans la ruine. Mais de cela, Rose ne voulait pas s’inquiéter.

Au total, ce qui le décida au silence, c’est qu’il sentit le cœur lui manquer à l’idée de parler à Rose de ces saletés ; il imaginait tout ce qu’elle souffrirait à les apprendre et une sorte de pudeur le désarmait ; il se sentait sans force devant la faiblesse. S’il devait lui conseiller à nouveau le divorce, eh bien, ce serait