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Puis, tapant ses bagues sur le marbre, et, comme on parle à un gamin qu’on semonce :

— Enfin, vous devez avoir une conscience, nom d’un chien ! Tâchez qu’elle se déclanche. Vous êtes marié, m’a-t-on dit. Retournez auprès de votre femme (il haussa les épaules avec un dédain pacifique) et occupez-vous de vendre vos cigares ! Les belles filles comme moi sont faites pour les gens riches et les grandes toquades comme la vôtre, ce n’est que dans les romans que ça se voit. Je pars pour Berlin ; eh bien, je vous promets que si vous me suivez, je trouverai bien moyen de vous dégoûter d’y rester. Je suis bonne fille, trop bonne fille ; mais il ne faut pas non plus qu’on m’embête trop…

Il répondit, la voix assurée maintenant :

— Écoutez-moi. J’ai bien réfléchi, je puis vous être utile ; laissez-moi être quelque chose dans votre vie… Je serai votre factotum, votre secrétaire, je mettrai de l’ordre dans vos affaires ; vous gagnerez beaucoup d’argent et vous avez beaucoup de dettes…

Elle fit un signe évasif, la réflexion un instant arrêtée sur un chiffre…

— Je m’occuperai de vos créanciers, de vos toilettes, de votre logement, de vos engagements ; vous me répéterez vos rôles ; je monterai la garde autour de vous ; vous ferez tout ce que vous voudrez faire…