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Elle avait entendu parler de la fête projetée à la Boule Plate : André venait de recevoir l’Ordre du Lion et du Soleil, lui envoyé de Téhéran par les soins d’un secrétaire d’ambassade avec qui il avait fait jadis la noce à Bruxelles ; la colonie de la Boule Plate avait décidé de célébrer, le mercredi suivant, après le théâtre, par une cérémonie bachique et tintamarresque, cet événement heureux. Et Mme Fampin tenait à en être ; elle eut la satisfaction de voir le halo de son œil décroître progressivement ; elle connut une grande joie quand elle fut convaincue qu’elle serait présentable pour le soir dit.

Quand elle arriva à la Boule Plate, un peu avant minuit, elle trouva le comptoir garni de fleurs et la salle réservée tendue de drapeaux belges et persans ; des lanternes vénitiennes s’accrochaient aux lustres. Sur une table, dans des corbeilles, des couques, que Flagothier avait fait venir de Dinant, figuraient l’Ordre du Lion et du Soleil.

C’était Flagothier aussi qui avait recruté six musiciens de l’orchestre de l’Alcazar ; il les avait groupés sur le billard : deux pistons, une contrebasse, une clarinette et la batterie ; lui-même, violon au poing, attendait l’entrée d’André et de Jane pour donner le signal de la Brabançonne.

Mme Fampin fut enthousiasmée ; elle s’enfila de ci