préalablement créés par lui ou par ceux qui les lui ont transmis.
Par ses efforts de toute espèce il obtient des résultats qu’il fait servir à la satisfaction de ses besoins de toute espèce.
L’évolution économique a ainsi pu être formulée par Bastiat, comme suit : besoin, — effort (ou travail), — satisfaction.
Nous avons considéré le besoin (4) ; nous considérerons la satisfaction, à la fin de ce cours ; analysons en ce moment l’effort.
La combinaison de l’effort de l’Homme et de l’action de la Nature, avec l’action de divers Instruments qu’il sait se procurer, constitue la Production, — laquelle est donc le résultat de l’association ou de la coopération de l’homme avec la nature.
La Production peut avoir en vue les Choses ou les Hommes.
En ce qui concerne les Choses, la Production a pour effet de donner de l’Utilité ou de la Valeur aux choses (l’utilité, c’est-à-dire la qualité qu’ont les choses de satisfaire nos besoins ; la valeur, c’est-à-dire la qualité qu’ont les choses douées d’utilité d’être échangeables) ; — soit en faisant naître cette utilité et cette valeur sur les choses qui ne les ont pas, soit en augmentant celles qu’elles ont déjà. Nous ne pouvons tirer du néant un seul atome de matière ; mais nous pouvons faire surgir ou créer ces qualités qui font que des matières d’abord sans utilité ou sans valeur en acquièrent et deviennent des richesses[1]. C’est en cela que consiste la Production, ou l’action productive de l’Industrie humaine[2], qui n’a été bien comprise qu’après de laborieuses discussions.
En ce qui concerne les hommes, la production a pour effet de perfectionner leurs facultés physiques, intellectuelles et morales, pour que leur travail ou leurs services aient plus d’utilité et de valeur.
D’où il résulte que la production a pour résultat trois sortes d’utilités : celles fixées sur les choses, celles fixées sur les personnes, et celles s’appliquant au travail.
- ↑ Algarotti, écrivain de la fin du dix-huitième siècle, a donné un exemple frappant de l’augmentation d’utilité et de valeur que peut acquérir un objet par l’application du travail. Avec une livre de fer valant à peine cinq sous, dit-il, on fait de l’acier, et avec cet acier, le petit ressort qui meut le balancier d’une montre. Chacun de ces ressorts ne pèse qu’un dixième de grain et peut se vendre jusqu’à dix-huit francs. Avec une livre de fer on peut fabriquer, en accordant le déchet, quatre-vingt mille de ces ressorts, et porter la valeur d’une matière qui vaut cinq sous a environ un million et demi.
- ↑ Du latin industria, anciennement industrium, indostruum (Festus) a pour racine intro ou intus struo (en dedans, je construis).
