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La loi de ce développement est dans la Liberté de l’homme, dans son libre arbitre, dans le choix de ses actes, dans le libre développement de son activité, en même temps que dans la Responsabilité et les résultats de son activité, conformément aux prescriptions de sa Raison. Il n’y a pas de liberté sans responsabilité, et la responsabilité n’est juste que s’il y a liberté.

25. Nous venons de voir l’idée de Propriété surgir avec les premiers rudiments de la science économique, et se rattacher à l’idée de Richesse créée par l’homme travaillant, c’est-à-dire appliquant ses facultés à la production des choses propres à satisfaire les besoins inhérents à sa nature, et qui ne se trouvent pas à profusion comme l’air, la lumière et l’eau.

On voit également naître l’idée d’Échange inséparable de celle de Travail, de Richesse, de Propriété, de Société. Les facultés et, par conséquent, le pouvoir de l’homme étant très-limités, il ne sait ni ne peut faire tout ce dont il a besoin. Mais, par compensation, la Nature lui a donné un instinct qu’elle semble avoir refusé à tous les autres êtres animés ; en le créant propriétaire, elle lui indique la voie de l’échange pour se procurer les produits, le travail et les services des autres hommes.

26. L’homme peut ainsi obtenir les diverses richesses (autres que les richesses naturelles) de deux manières, quand il ne les reçoit pas en don. — Il les produit lui-même, directement, par divers procédés ; —ou bien il se les procure en donnant les produits qu’il fait lui-même à d’autres qui lui en donnent d’équivalents obtenus par eux.

C’est cette manière indirecte d’obtenir les produits et les services qui prend le nom d’échangé, et se décompose en deux actes : la vente ou cession de ce que l’on donne, l’achat, réception ou recette de la chose équivalente qu’on obtient[1].

Le cordonnier échangeant avec un chapelier deux paires de souliers contre un chapeau fait un échange : il vend ses souliers, et achète un chapeau ; et réciproquement, le chapelier vend le chapeau, et achète les deux paires de souliers. Toutefois, cet échange direct

  1. Cette nomenclature diffère de celle du code civil, qui est en retard sur les analyses de la science économique. Le code réserve au troc le nom d’échange, auquel il ne donne pas le sens général usité en économie politique ; il désigne l’échange avec monnaie par les deux mots la vente et l’achat.