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souvent entendu le Bien-être et l’Aisance qui sont un des effets de la Richesse[1].

22. Dans toutes les Richesses naturelles ou produites qui satisfont nos besoins, il y a lieu de distinguer : 1° les choses ou richesses qui n’ont que l’Utilité ; l’air, par exemple, qui est utile, mais ne se vend pas ; 2° les choses qui ont l’Utilité et la Valeur comme la plupart des produits ; 3° celles qui, après avoir été douées d’Utilité et de Valeur, perdent de nouveau et en plus ou moins grande proportion la qualité de choses échangeables, pour garder exclusivement ou en très-grande partie leur utilité : tels sont, en général, les objets de notre consommation directe et personnelle[2].

Les richesses sont appréciées, inventoriées, totalisées, d’après leur valeur (28, 391).

§ IV. Premières notions sur la Propriété, l’Intérêt individuel et l’Intérêt général, la Justice et la Liberté ; — sur l’Échange et la Monnaie.

23. La possession exclusive et la jouissance de ces richesses, soit produites, soit naturelles, constituent le droit de Propriété, reconnu et garanti par la société, et d’autant mieux garanti et protégé que la civilisation est plus avancée.

Ce droit de propriété est la clef de voûte de l’édifice social. C’est un des principes fondamentaux que la science économique invoque et démontre, comme cela ressort de l’ensemble des propositions établies dans ce livre et des considérations spéciales que nous présentons plus loin (voy. ch. vii).

Il a sa source dans l’Intérêt individuel, c’est-à-dire dans cet instinct naturel auquel donne naissance le Besoin, qui préside à la conservation de l’individu et de sa famille, et qui, maintenu par la Justice, ou respect de l’intérêt d’autrui, est le moteur universel

  1. C’est dans ce sens que Smith l’a introduit dans le titre de son ouvrage : Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (an Anquiry into the nature and causes of the wealth of nations), 1775.
  2. Des divergences se sont encore produites ici au sujet de l’étendue à donner à la signification du mot Richesse (voy. p. 3, note). Les uns n’ont pas compris par ce mot les richesses immatérielles, d’autres n’ont pas compris les richesses matérielles gratuites. L’analogie des richesses immatérielles avec les richesses matérielles sera établie plus loin, au chapitre ii. Nous nous bornerons donc à dire ici que, si la richesse produite constitue évidemment l’objet principal de la science économique. il y a des inconvénients pour la clarté des discussions à négliger la richesse naturelle et gratuite.