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Les terres cultivables et toutes les parties du sol susceptibles d’une exploitation quelconque présentent le double caractère de richesses naturelles et de richesses produites ou sociales. — Ce sont des richesses naturelles par leur fécondité naturelle, leurs qualités physiques, leur situation, leur exposition : ce sont des richesses sociales ou produites, par les améliorations dont elles ont été l’objet au moyen du travail et de l’industrie de leurs possesseurs. — Comme richesses sociales, elles ne sont pas gratuites ; elles ne le sont pas non plus comme richesses naturelles, dans les pays dont le territoire est entièrement occupé, où ces terres (celles de bonne qualité surtout), ne sont pas, comme l’air et la lumière, à la disposition de tous. (10)

En effet, pour en assurer la culture, il a fallu en garantir la jouissance exclusive aux familles qui les possèdent légitimement, — soit par suite d’une libre transmission de la part de ceux qui, les premiers, les avaient cultivées, — soit (ce qui est le cas presque universel) parce qu’elles les ont acquises en donnant en échange à ceux qui les possédaient des valeurs égales sous une autre forme.

21. Les facultés naturelles de l’esprit et du corps présentent le même caractère sous le rapport économique. Elles sont à la fois naturelles et acquises à l’aide des efforts de ceux qui les possèdent, et les services qui en résultent ne sont pas gratuits.

22. Parmi les Richesses, les unes fonctionnent comme instruments de production, les autres sont le résultat de la production ; mais ces résultats peuvent, à leur tour, devenir des instruments comme ceux-ci ont été des produits. Il n’y a, sous ce rapport, aucune différence essentielle à faire : la charrue par exemple, est un produit pour le fabricant ; elle est un instrument pour le laboureur.

Mais il est utile de distinguer la richesse individuelle de la Richesse nationale, publique, collective, sociale.

Les richesses individuelles sont celles qui appartiennent aux individus ; les richesses publiques ou collectives sont celles qui appartiennent à l’État, a la Province, à la Commune, à la Corporation, au Groupe. La somme des richesses individuelles et collectives constitue la Richesse sociale ou nationale, selon que l’on considère la société en général ou une seule nation. Par Richesse des Nations on a