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entretenue entre les nations, tant éloignées puissent-elle être les unes des autres.

L’instinct et le bon sens, comme l’expérience, indiquent aussi que, pour obtenir les plus grands avantages de la coopération des diverses contrées dans la production, les échanges doivent être facilités par le perfectionnement des voies de communication, la sécurité et la liberté des transactions. Mais, par suite des préjugés et des animosités entre les races et les peuples, par suite aussi d’une fausse idée sur la nationalité et de fausses théories sur l’échange, les nations ont voulu résoudre le problème absurde de se suffire à elles-mêmes, et la liberté des transactions a été systématiquement entravée dans ce but d’isolement. — Nous parlerons plus loin (ch. xxv et xxvi) de ces théories sur l’échange, qui s’appellent le système mercantile et le système protecteur ; et nous nous bornerons ici à dire quelques mots sur la question de nationalité.

298. La nature n’a pas créé de nationalités au point de vue économique : les États et les nations composés de localités diverses et variées forment un marché (285) d’autant plus favorable à toutes les productions qu’il est plus général et plus accessible. Le restreindre, c’est diminuer les avantages de la division naturelle entre les localités et de la coopération internationale, c’est-à-dire de la coopération des industries enclavées entre les diverses circonscriptions politiques.

Or ces circonscriptions politiques, souvent contraires aux circonscriptions naturelles, compriment le mouvement normal de la production et de l’échange.

Les nations ont aussi au sein de leur circonscription artificielle : des industries inhérentes à la nature du sol ou du climat ; — ou bien des industries inhérentes à l’aptitude propre des habitants, à leur passé, à leurs mœurs, à leurs lois ; — ou bien encore des industries communes à d’autres nations et susceptibles d’être implantées, naturalisées en divers pays.

Dans les deux premiers cas, l’établissement libre de la division entre les nations, selon la nature des choses, est évidemment favorable aux producteurs et aux consommateurs. Dans le troisième cas, l’initiative libre et spontanée peut indiquer aux nations[1], c’est-à-dire

  1. Ce mot induit souvent en erreur dans les discussions économiques. Voy. le chap. xv, sur les Débouchés.