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Le Traité élémentaire, mais complet, que je présente au public est destiné à servir de première lecture, de Guide, de Manuel, à ceux qui, ayant entendu dire du bien ou du mal de la science, veulent avoir une idée exacte des questions qui font partie de son domaine, se familiariser avec les notions fondamentales et se rendre compte de l’organisation économique des sociétés, afin d’étudier ensuite avec fruit les ouvrages plus étendus, ceux-là même dont l’intelligence nécessite une préparation sans laquelle on est exposé à se laisser égarer. Il est encore destiné à ceux qui éprouvent le besoin de résumer ou de coordonner les idées qu’ils ont pu se faire sur les questions économiques et sociales.

Cette nouvelle édition se ressentira favorablement, je l’espère, de plusieurs années de professorat aux élèves ingénieurs des ponts et chaussées, qui m’ont mis à même de perfectionner diverses démonstrations, ainsi que des nombreuses discussions économiques qui ont eu lieu dans ces dernières années et qui m’ont conduit à mettre plus d’ordre et de logique dans la classification, et à donner plus de fermeté et de précision au langage économique. J’ai fait tous mes efforts pour indiquer le sens des termes, et en arrêter la nomenclature, autant que cela pouvait m’être permis. Je me suis, au reste, attaché à m’en servir rigoureusement : je crois que c’est ainsi seulement que l’on parviendra désormais, en Économie politique, à éviter des causes de confusion nombreuses et des discussions stériles qui compromettent l’autorité de la science.

« La cause la plus générale et la plus dangereuse de nos erreurs, de nos mauvais raisonnements, est dans l’abus continuel que nous faisons des mots. Il faut que chaque mot d’une langue, en quelque sorte, soit frappé d’une empreinte particulière, qui marque son titre et sa valeur, comme chaque pièce de la monnaie d’un peuple ; il faut qu’en donnant ou en recevant un mot, on sache ce qu’on reçoit et ce qu’on donne, comme en donnant un écu, un louis. » (Dict. de l’Académie, Disc. prélim., édit. de l’an VII.)