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la tour de cordouan.

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rentrer au phare. Quels cris ! quelle colère surtout quand elle fut obligée d’endosser un habit de marin pour pouvoir faire sécher ses vêtements !

— As-tu fini ?

— Non, capitaine. L’Anglaise resta prisonnière à Cordouan. Le Triton ne put reprendre la mer à cause du mauvais temps que trois jours après. Enfin, elle put quitter sa prison et rentrer à Royan, où les baigneurs lui firent une ovation. La malheureuse fut obligée de quitter la ville. Elle était devenue un objet de curiosité, et peu s’en fallût qu’on ne lui fît un charivari sous ses fenêtres. Tu vois, petit, qu’il faut se méfier de Cordouan.

— Il faut espérer que nous n’y resterons pas si longtemps.

— Qui sait ? Il n’est pas rare de voir y séjourner des voyageurs plus longtemps encore.

— Nous y voici.

Dès qu’il fut débarqué, Paul ne s’occupa plus que de sa visite au premier phare de France, et il inspecta Cordouan dans tous ses détails. Cette tour mérite que nous ouvrions une large parenthèse pour lui faire les honneurs d’une description spéciale.

Michelet, cet éloquent historien de la mer, a fait une peinture exacte des violences du golfe de Gascogne, « cette mer de contradictions, cette énigme de combats, qu’un ingénieux naturaliste compare à un gigantesque entonnoir qui absorberait brusquement. » Dès les temps les plus reculés les marins ont cherché à amoindrir les effets de cette mer impitoyable en éclairant l’entrée de la Gironde. Aussi faut-il remonter très-haut pour trouver l’origine du phare de Cordouan. Ce qu’on peut affirmer, c’est que, quand il fut construit, le rocher sur lequel il s’assied aujourd’hui était réuni à cette côte de Médoc, où nous avons vu la mer opérer ses ravages, lors de la visite de Paul à la pointe de Grave.

On a des gravures du treizième siècle qui le représentent sous