chambre de service est située au-dessous de la lanterne, sur la plate-forme qui couronne le monument. Le gardien habite une petite maison à proximité du phare, celle où nous avons retrouvé nos naufragés.
Paul était émerveillé, c’était le premier phare qu’il eût vu de près, et, bien que celui-ci fût de troisième ordre, il emportait de sa visite une profonde impression. Aussi quand il eut rejoint son oncle, il lui dit à brûle-pourpoint :
— Quand allons-nous à Cordouan ?
— Bravo, répondit Clinfoc, dont les efforts tendaient à ce but depuis que Paul était auprès d’eux. Bravo ! et pour la peine, voilà son Lefaucheux.
— Quel bonheur ! où était-il ?
— Dans le sable en train de sécher.
— Quel nettoyage !
— Il en avait besoin, depuis qu’il fait son service !
Le soir on était de retour à Saint-Georges, et le lendemain, par une journée splendide, on faisait voile pour Cordouan. Le Lefaucheux que Clinfoc avait passé la nuit à nettoyer était encore de la partie. Clinfoc n’avait jamais été si joyeux. Le capitaine seul bougonnait. Pourquoi ? parce que son matelot avait réussi à faire ce qu’il voulait en forçant Paul à le demander.
La tour de Cordouan, en effet, est pour les baigneurs et les habitants de Royan l’excursion la plus fréquentée, le but de promenade le plus agréable, bien qu’il soit très-difficile d’y aborder, et, une fois qu’on y est, de s’embarquer pour le retour ; mais chaque voyage est marqué par un de ces accidents qui font toujours rire, dans le genre de celui que Clinfoc raconta à Paul pendant la traversée de Saint-Georges à Cordouan :
— Tu sauras, petit, d’abord et pour lors, que pour débarquer à Cordouan il faut les plus grandes précautions. La mer baigne le rocher, qu’elle bat avec furie par le mauvais temps, ne laissant