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six semaines dans un phare.

sable avec le gouvernail dont la barre frappa le vieillard et l’étendit évanoui.

Quand il revint à lui, il se retrouva au coin d’un bon feu, dans la maison du gardien du phare de Pontaillac. Paul et le capitaine étaient près de lui. Quand on put se parler, on éclata de rire.

— Une tempête dans un vase d’eau, dit le capitaine.

— Sommes-nous rouillés, dit le matelot.

— Mon pauvre fusil, dit Paul.

— Et la barque ?

— Elle n’a rien de rien. Plus solide que nous ; la vieille !

Ce qu’il y avait donc de plus malheureux dans ce naufrage, c’était la perte du Lefaucheux, qui était tombé dans l’Océan.

— Bah ! dit le gardien qui leur donnait l’hospitalité, nous le trouverons à marée basse.

Paul s’endormit sur cet espoir. Tout le monde en fit autant.

Le lendemain, comme l’avait prédit le gardien, la marée était basse. Le Polar Star était resté sur le sable. Le gouvernail seul était endommagé ; la brigantine avait été emportée par le vent. Pendant que le capitaine et son matelot réparaient ces dégâts, Paul cherchait son fusil ; pourtant, il faut le dire à sa louange, sa curiosité de touriste et de marin l’emporta, quand il aperçut le phare de Pontaillac. Le gardien le lui fit visiter.

Ce phare est bâti sur des sables mouvants. En cas de déplacement possible de l’édifice, on l’a construit en charpente ; il a la forme d’une pyramide quadrangulaire, tronquée à la hauteur de la lanterne et composée de quatre solides poteaux que relient des entretoises et des croix de Saint-André. Des boulons en fer assemblent les pièces. La cage de l’escalier est renfermée entre quatre poteaux verticaux qui ajoutent à la solidité de l’ensemble. L’échafaudage repose sur un petit mur en maçonnerie qui lui fait une base immuable et le met à l’abri de l’humidité du sol. La